John-Erich NIELSEN (2011)
Head over Hills
258 pages
Grâce au site Bibliofolie, qui offre parfois des partenariats avec des éditeurs, j’ai eu la chance d’obtenir un exemplaire du livre de John-Erich Nielsen, Le serment des Highlands. J’en étais bien heureuse, et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement, un livre gratuit, c’est toujours agréable. Deuxièmement, ce livre cadrait parfaitement avec l’été Kiltissime. (Remarquez la jolie couverture en tartan bleu.) Et troisièmement, cet auteur n’est pas offert à ma bibliothèque locale, alors c’était une chance à ne pas manquer.
Le serment des Highlands est le 8e livre d’une série mettant en vedette le jeune inspecteur écossais Archibald Sweeney. Dans ce tome, Archie et sa tante Midge sont en vacances au massif de Kintail (près du château d’Eilean Donan pour ceux qui connaissent l’Écosse) et profitent de ce temps pour faire des randonnées. Peu avant leur départ, la propriétaire de l’auberge où ils logent parle à Sweeney des mystérieux disparus. En effet, depuis deux ans, environ 7 personnes ont disparu dans les environs. Sweeney, ne pouvant pas s’empêcher d’aller y jeter un œil, malgré le fait qu’il soit en vacances et que ce ne soit pas son territoire, sera personnellement impliqué dans l’histoire et, bien sûr, découvrira le pot aux roses à la fin. Mais avant d’y parvenir, il fera quelques randonnées bizarres, rencontrera des gens plus étranges les uns que les autres, entendra parler des légendes du coin et devra se fier à son instinct à plus d’une reprise.
J’aimerais être dithyrambique et dire que j’ai adoré. D’autant plus que ce livre m’a été offert et que j’en étais bien reconnaissante. Pourtant, il n’a pas su m’accrocher. Comme je suis assez bon public pour tout ce qui est polar, surtout s’il se déroule en Écosse, j’ai apprécié l’histoire, mais je n’ai pas ressenti le bonheur que je ressens en lisant Ian Rankin, par exemple. J’ai beaucoup aimé les descriptions de l’Écosse, et il est évident que l’auteur aime ce pays. Grâce à ses portraits des paysages, je veux maintenant aller faire les mêmes randonnées qu’Archie. Mais pour ce qui est des personnages et de l’écriture, je n’y ai pas cru.
Le personnage principal, l’inspecteur Sweeney, se promène tout le temps avec un bâton de golf, son sand wedge, comme on dit en français (hum…) même dans des endroits incongrus. À cheval, par exemple. Je comprends la motivation de bien détailler un personnage et de lui donner des particularités récurrentes, mais j’ai trouvé ça un peu exagéré. J’aurais parfaitement vu cette singularité du personnage dans un livre jeunesse, par exemple.
Puis, malgré tout l’amour que je sentais pour l’Écosse dans ce livre, je sentais aussi l’écriture étrangère derrière les mots. Vous me direz que c’est normal, car l’auteur n’est pas écossais, mais pour moi, c’était comme si Archie était un étranger vivant en Écosse et non un Écossais de souche. Est-ce que ça a du sens? Il me semblait un peu spécial, comme tout bon Écossais, mais il était gentil, allumé, attentionné, etc. Il me semblait que le personnage aurait pratiquement pu être natif de n’importe quel endroit ou se transplanter n’importe où. Remarquez que ce n’est pas un problème en soi. C’est sûrement qu’après une dizaine de livres à saveur écossaise cet été, je commence à être exigeante. Ou peut-être ai-je développé des préjugés sur ce que doit être « un bon personnage écossais ». (Être amateur de whisky, par exemple?)
Enfin, quelques petits trucs stylistiques m’ont agacée, comme les pensées d’Archie mises en italiques. Ça faisait beaucoup trop d’italiques à mon goût. C’est un peu comme si on les avait écrites en majuscules:
Constatant que sa tasse était déjà vide, l’inspecteur émit un profond soupir. Et puis, s’agaça-t-il, aussi longtemps que je ne serai pas en paix avec moi-même, je sais qu’aucune femme ne trouvera sa place dans ma vie. (p. 50)
J’ai trouvé parfois que c’était « juste trop ». Trop d’adjectifs: « Désarçonné, Pat McKenzie lança un regard d’une noirceur absolue à l’horripilant barbu. » (p. 119) Trop de lieux communs: « Sweeney ne répondit pas, mais songea: Je ne sais pas si Donovan McLeod a l’intention d’ouvrir un « Jurassic Park » écossais mais, avec les traces que cette affaire ne manquera pas de laisser dans la région, je crois qu’il ferait mieux de changer d’idée et d’inaugurer un… « Whitechapel » des Highlands! ironisa-t-il. Parce qu’avec ce « Jack le Coupeur de têtes » qui se promène sur la lande, dorénavant, la concurrence risque d’être rude pour le loch Ness! » (p. 201) Trop de jeux de mots faciles, comme les qualités animistes qu’on donne au sommet des Five Sisters (les cinq sœurs): « Sur la gauche, les maisons paraissaient délicatement enserrées par le bleu scintillant du loch Duich et, sur la droite, par le vert éclatant des derniers contreforts des Five Sisters qui, négligemment, laissaient traîner leurs jupons dans la fraîcheur du loch. » (p. 57) Ou encore: « […] des « cinq sœurs » qui sont très courtisées« . (p.51)
En gros, un livre, et sûrement une série, que j’aurais adoré adolescente. Un peu moins maintenant.
Petite réflexion de fin de billet:
Ce billet a été assez difficile à écrire. Comme j’ai reçu ce livre gratuitement, avec comme condition d’en faire une critique, faire preuve de négativisme envers l’œuvre me rendait mal à l’aise. De plus, je sais que l’auteur lira ces lignes, car il suit notre groupe Kiltissime et lira sûrement les billets sur son livre le 4 septembre sur Bibliofolie. Qui suis-je pour blesser quelqu’un ainsi? Surtout quelqu’un qui fait quelque chose que je ne pourrais pas faire. D’un côté, je me dis qu’un auteur doit assumer ses bons coups et ses mauvais coups, mais comme je ne suis pas critique professionnelle, mon billet me dérange un peu et mes attaques semblent gratuites. D’un autre côté, comme je lis beaucoup et que je travaille avec la langue tous les jours, je me dis que mon opinion vaut bien celle d’un autre. J’ai donc décidé d’être honnête et de dire le fond de ma pensée, tout en pesant mes mots.
Mon opinion n’est qu’une parmi plusieurs, car les autres lectrices semblent avoir beaucoup plus apprécié que moi. Pour lire leurs billets, vous pouvez aller chez Méloë, chez Totalybrune et chez Pascale. Et, bien sûr, sur Bibliofolie dès le 4 septembre.
Pour en savoir plus sur l’auteur, sur la série et sur Head over Hills:
https://www.facebook.com/people/John-Erich-Nielsen/1624841487?sk=info
http://www.headoverhills.com.fr/index.html