Suzanne Myre (2010)
Éditions Marchand de feuilles
411 pages
Mélisse est préposée aux bénéficiaires à l’unité des soins prolongés d’un hôpital de Montréal. Sa vie, qui tourne d’habitude autour de l’insomnie, de la natation, des films d’horreur et de quelques amis, sera bientôt chamboulée par un trio d’hommes: Michel, son ex, bédéiste et employé à la caf de l’hôpital; David, un journalier qui lui tombe sur les nerfs et à qui elle tombe dans l’oeil; et le Dr Henry, le nouveau gériatre.
J’adore cette auteure. Après avoir répété à qui voulait bien m’entendre que j’espérais que la nouvelliste écrive un roman, eh bien, me voilà servie. Malgré une fin rafistolée trop vite, à mon avis, j’ai beaucoup aimé. Myre n’a pas perdu son mordant, et presque toutes les phrases sont du bonbon. Elle ne met pas de gants blancs et n’a pas peur d’écorcher celui qui passe sur son chemin.
J’adore la plume ironique et remplie d’autodérision de Suzanne Myre et j’adore ses personnages. Même dans ses nouvelles, où les pages sont limitées, ils étaient bien définis. Ici, dans ce livre de 400 pages, elle a le loisir de les explorer et de les exploiter encore plus, et c’est superbe. Les personnages principaux sont complets et originaux. Pas de personnage beige. C’est peut-être ce que certains lui reprocheront (d’être un peu trop flyée), mais moi, ça me parle. Malgré quelques ressemblances de style entre le roman et les nouvelles, l’histoire n’est pas qu’une longue nouvelle rigolote. Le prétexte de l’hôpital, que Myre connaît bien car elle y travaille, sert aussi à nous illustrer des pans de la vie, ce que nous vivons ou allons tous vivre un jour. On y parle de solitude, de recherche de quelque chose de plus grand, des relations avec les autres, de malaise, de la situation des personnes âgées, etc. Mais n’ayez crainte! Ça ne tombe pas dans le mélo. Myre fait état de la situation avec un humour noir, et au lieu de plaindre tout un chacun, elle nous pousse plutôt à nous grouiller le derrière.
Quelques extraits:
« On s’embrasse fort, mais pas trop, la barbe de David est aussi piquante que des cure-dents. Du bout de sa langue, il effleure chacune de mes dents, des molaires aux incisives, comme s’il en faisait l’inspection détaillée, ou le nettoyage. J’ai des visions de chimpanzés qui s’épouillent mutuellement, de petits oiseaux qui nettoient le dos des hippopotames. Une fois la procédure terminée, on a de la bave jusque sur le menton. » (p. 179)
« J’ai déjeuné avec mon mari un matin, mais j’ai soupé seule le soir. » (p. 399)
4.5/5 – à cause de la fin rapido presto
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