The Glister – John Burnside

John Burnside (2008)

Doubleday

228 pages

(Traduction française : Scintillation, Métailié, 2011)

Attention !! Révélations possibles !!

Oh boy…

Comment décrire ce livre sans insulter mes amies qui l’ont adoré tout en me restant fidèle et en tentant d’expliquer pourquoi ne j’ai pas du tout aimé ?

Dans une ville sans nom sur une île écossaise, une usine chimique désaffectée a pollué le coin et presque tout tué sur son passage, y compris l’âme des habitants de l’Innertown, quartier défavorisé où était située ladite usine. Donc, pas besoin d’être la tête à Papineau pour savoir qu’il n’y aura pas grand-chose de positif dans ce récit : lieux ravagés, gens malades, esprits et corps souffrants, monde sans espoir. Les jeunes du coin ne fichent rien, à part des mauvais coups. En plus, il faut ajouter à ça la disparition mystérieuse de 4 ou 5 adolescents. Évidemment, les disparitions font mal, mais après un certain temps, les gens arrêtent presque de chercher et se disent (ou préfèrent penser) que les jeunes ont seulement fugué vers la grande ville. Dans ce récit, les gens ne font que subir. Ils ne semblent maîtres de rien.

À travers cette sombre histoire, il y a quand même quelques lueurs, même si elles ne brillent pas d’espoir. Il y a Morrison, un policier, la seule personne du coin qui semble avoir des sentiments, même s’il ne sait pas trop quoi en faire ou comment agir. Il y a aussi notre jeune protagoniste principal, Leonard, qui a dû vieillir avant son temps et qui se réfugie dans la littérature (Virginia Woolf, F. Scott Fitzgerald, Marcel Proust, etc.) On pense que son histoire à lui sera différente, qu’il s’en sortira ou qu’il découvrira le mystère des disparitions, mais non… Même si Leonard semble plus intelligent et sensible que les autres ados autour de lui, il prend aussi part aux mauvais coups (certains affreux) et subit aussi la vie dont il a hérité.

Jusque-là, même si c’est sombre, c’est extrêmement bien écrit et pratiquement poétique, et j’aimais bien. Mais dans le dernier tiers, j’ai complètement décroché. Je me suis rendue compte que le semblant d’histoire qu’il y avait n’allait pas mener à une fin compréhensible, et ça, ça m’horripile vraiment. Pour moi, une fin n’a pas à être heureuse, elle peut être mauvaise, négative, triste, etc. Mais j’ai besoin d’une fin. Ici, à moins que je n’aie vraiment pas compris, c’est assez mystérieux et presque ésotérique : un Leonard drogué se trouve à l’usine avec le « moth man ». Est-il assassiné ? Imagine-t-il se qui se passe ? Quand c’est trop subtil ou abstrait, je décroche ben raide. Dommage… Mais je m’y attendais un peu. Burnside, ce n’est pas pour moi. Mais je suis vraiment dans la minorité (jusqu’à maintenant du moins…)

Pour voir d’autres critiques, il y a Cryss, bien sûr, et Choupynette.

Il y a aussi cet article dithyrambique du NY Times.

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Ceci était ma 3e lecture écossaise pour décerner le prix Kiltissime à un roman écossais! Cryssilda, ma copine folle amoureuse de l’Écosse, nous a mis au défi de lire 6 publications écossaises récentes. Donc, pour décerner le Prix Kiltissime au meilleur livre écossais, nous lirons (pas nécessairement dans l’ordre) :

1) Louise Welsh – Naming the bones (De Vieux Os)

2) Peter May – The Blackhouse (L’Île des chasseurs d’oiseaux)

3) John Burnside – The Glister (Scintillation)

4) Ian Rankin – Doors Open (Portes ouvertes)

5) Philip Kerr – If The Dead Rise Not (Hôtel Adlon)

6) Dominic Cooper – Men at Axlir (Nuage de cendre)

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Eureka Street – Robert McLiam Wilson

Robert McLiam Wilson (1997)

Christian Bourgeois Éditeur

545 pages

(Version originale : Eureka Street, 1996)

MAJ 2012 : Ce livre, je l’ai lu lors d’un thème irlandais du Club des rats de Biblio-Net il y a plusieurs années. Il m’avait marquée et j’avais enchaîné d’autres McLiam Wilson par la suite. Depuis, je suis passée à autre chose et je l’avais un peu oublié, mais en ressortant ce billet, je me dis que j’aimerais continuer avec les livres que je n’ai pas encore lus. À mon avis, si vous n’avez que 2 Irlandais à lire pendant ce mois irlandais, c’est McLiam Wilson et Wilde. Foncez, vous ne le regretterez pas.

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Jake Jakson, 30 ans, vit à Belfast et n’en mène pas large depuis que Sarah l’a quitté pour déménager à Londres. Il passe son temps entre son travail (reprendre possession des biens que les pauvres de la ville n’ont pas réussi à payer) et les virées dans les pubs avec ses copains. C’est donc l’histoire de Jake qui essaie de survivre à sa vie pitoyable, mais c’est aussi l’histoire d’un groupe d’amis qui incarnent Belfast : des catholiques, un protestant qui s’inclut dans le cercle, une séparatiste extrémiste, etc. Tous les éléments de l’Irlande du Nord, les plus extrêmes comme les plus modérés, sont développés dans les divers personnages.

Quel livre! J’ai adoré le fait que McLiam Wilson ne tombe pas dans le misérabilisme. Il a réussi avec brio à nous faire découvrir sa ville et même à nous donner envie d’aller boire une pinte avec ses copains. Il a réussi à nous décrire les horreurs d’un conflit pour nous insensé tout en gardant un ton humoristique, ce qui détonne parfois, mais qui est aussi la raison pour laquelle nous ne pouvons laisser ce livre plus de quelques minutes.

En plus, j’adore les livres qui ouvrent avec une idée en toute première phrase (Toutes les histoires sont des histoires d’amour.) et qui réussissent à boucler la boucle avec succès à la fin (là, je ne vous donne pas la phrase, ça serait vous gâcher le plaisir).

Quel auteur! Ce livre est un petit trésor caché que je n’aurais sûrement jamais trouvé dans la mer des publications si le thème de la littérature irlandaise n’avait été proposé.

Lu au printemps 2006

[Quelques photos prises en Irlande du Nord en août 2008]

C’était un cinquième billet pour le mois irlandais ! Suivez-nous si l’île d’émeraude vous intéresse. Visitez les blogues des participantes pour trouver des idées de lectures et voir si on a tous la même opinion de ces auteurs… Cryssilda nous fait une super récap tous les jours !!

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Le dernier des Iroquois – Joseph O’Connor

Joseph O’CONNOR (2000)

Phébus

269 pages

(v.o. Cowboys and Indians, 1991)

MAJ 2012: Pour me laisser un peu de temps pour respirer (ou pour tricher), je prends un vieux billet que j’avais écrit sur O’Connor sur le forum des rats de biblionet en 2006. J’avais adoré O’Connor à l’époque, et j’ai encore de très bons souvenirs. Je voudrais replonger dans son univers, mais je vais le faire après notre mois irlandais, pour me laisser un peu plus de temps. Donc, à l’époque, j’avais lu Inishowen, puis Le dernier des Iroquois. Mon côté organisationnel me pousse à vous parler du premier que j’ai lu, soit Inishowen, mais mon côté sentimental veut plutôt vous parler du Dernier des Iroquois, un vrai coup de coeur pour moi. Donc, voici mon vieux billet, mis à jour…

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Mon deuxième O’Connor et je tripe! J’ai tellement aimé Inishowen que je m’attendais à bien apprécier Le dernier des Iroquois, mais pas à le préférer au premier! J’ai adoré l’histoire de Eddie Virago, ce jeune Irlandais dans la vingtaine qui quitte son Dublin natal pour s’attaquer à Londres et devenir une vedette de punk.

Contrairement à d’autres, je ne crois pas du tout, qu’Eddie soit un vrai perdant ou un nul. C’est un jeune homme de la classe moyenne qui est intelligent et qui a fait des études, mais qui dans son coeur voudrait être rebelle (d’où son iroquois et son attrait pour le punk). Il a tellement peur de se révéler tel qu’il est qu’il invente des histoires pour se trouver intéressant, mais dans le fond, c’est un grand bébé qui ne veut qu’aimer et être aimé. C’est très touchant. Oui, il faudra bien qu’il grandisse un jour, qu’il arrête de dépendre des autres, mais ses rêves de jeune adulte et de révolution sont assez réalistes à mon avis et n’en font pas un perdant fini, mais un jeune un peu perdu qui se retrouvera, car il a tout le système derrière lui (famille, amis, études) et il le sait.

Un livre que j’ai adoré, qui m’a ramenée quelques années en arrière où je portais avec fierté mes Docs rouges.

Lu printemps 2006

[photo prise à Camden. Me semble qu’Eddie aurait aimé]

C’était un quatrième billet pour le mois irlandais ! Suivez-nous si l’île d’émeraude vous intéresse. Visitez les blogues des participantes pour trouver des idées de lectures et voir si on a tous la même opinion de ces auteurs… Cryssilda nous fait une super récap tous les jours !!

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A Tourist’s Guide to Ireland – Liam O’Flaherty

Liam O’Flaherty (1929)

Lu en anglais (A Tourist’s Guide to Ireland) en version électronique

Nombre de pages : Apparemment 125 (selon Internet)

Avec cette lecture, je m’aventurais (encore) dans l’inconnu. Je n’avais jamais entendu parler de l’auteur, alors encore une fois, j’ai pigé au hasard et je suis tombée sur un genre de faux guide de voyage que O’Flaherty écrit sur son île natale « dans le seul but de sauvegarder les intérêts du touriste assez hardi pour entreprendre de visiter son île ».

Pour O’Flaherty, il y a quatre grands groupes de touristes : ceux qui viennent pour apprendre, ceux qui viennent pour le plaisir, ceux qui viennent pour se reposer et ceux qui viennent faire un profit. Ce dernier groupe, il ne veut pas l’aider et le laisse à la merci de l’industrie touristique irlandaise (qui est vampirique). Son guide, il l’a écrit pour les autres…

Après l’intro générale sur les touristes, O’Flaherty organise son livre en divers chapitres qui traitent chacun des différents groupes qui, selon lui, composent la société irlandaise : les prêtres, les politiciens, les propriétaires de pub et les paysans. Selon l’auteur, le prêtre est bien utile, car il offre souvent le gîte et le repas, et c’est une bonne connaissance à avoir, mais il faut faire attention, car les prêtres des paroisses sont souvent des aristocrates parvenus qui sont plus intéressés par l’argent que par leurs paroissiens. Puis, il y a les politiciens qui, selon l’auteur, sont complètement inutiles. Ils ne savent pas gérer le pays et peuvent pratiquement être traités de criminels. Le touriste doit les observer, mais se tenir loin d’eux. Ensuite, il y a les propriétaires de pub, qui sont de vrais voleurs et qui devraient mettre en colère tout bon touriste. Les pubs irlandais, selon l’auteur, ne se comparent pas du tout aux pubs anglais où on peut bien manger. Ils sont plutôt des trous à éviter. L’auteur précise tout de même que dans le pays, on trouve quelques exemples de bons pubs et que si les politiciens avaient de l’allure, ils publieraient un guide des meilleurs pubs du pays. Enfin, il y a les paysans, que le touriste doit prendre en pitié et admirer. Les paysans sont de braves gens, mais ils sont exploités par les politiciens et par les tenanciers et jamais défendus par les prêtres, qui les poussent plutôt à s’établir sur des terres non cultivables, parce qu’une dure vie sur une terre rocheuse t’envoie plus rapidement et directement au paradis…

Je me suis vraiment amusée en lisant ce livre, très acerbe mais aussi très beau. On sent que l’auteur adore son pays et qu’il est fier d’en parler, mais qu’il en veut grandement aux dirigeants qui l’exploitent. J’ai retrouvé un peu du Québec dans ces écrits. Le thème ressemblait à la situation qui a donné naissance au nationalisme québécois : avant 1960, les Québécois étaient encore perçus comme un petit peuple exploité par les boss anglais, les prêtres étaient très (trop) présents  et les propriétaires des tavernes n’avaient aucun scrupule à prendre le dernier cent d’un pauvre type. Tout a changé en quelques années, ce qui est tout un exploit, mais les propos de O’Flaherty ont résonné chez moi. Ce fut une très belle découverte.

Le livre en version anglaise est disponible en version électronique, mais en version française, pas sûre, mais voici une page en français sur le livre. Cliquez ici.

C’était un troisième billet pour le mois irlandais ! Suivez-nous si l’île d’émeraude vous intéresse. Visitez les blogues des participantes pour trouver des idées de lectures et voir si on a tous la même opinion de ces auteurs… Cryssilda nous fait une super récap tous les jours !!

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Classé dans O'Flaherty Liam

Lady Windermere’s Fan – Oscar Wilde

Lady Windermere's Fan by Oscar Wilde

Pièce jouée en 1892 et publiée en 1893

Lu en version Kindle, alors combien de pages ? Sais pas…

(Traduction française : L’Éventail de Lady Windermere)

Ça y est, dernier coup de coeur en date. Comment ai-je fait pour vivre sans jamais avoir lu Wilde ? En quelques phrases, je suis devenue accro et je prévois déjà des heures de plaisir avec ses autres oeuvres, ses bios, tout ce qui se trouve dans le domaine public (j’ai un budget limité ces temps-ci…)

L’intrigue de L’Éventail de Lady Windermere se déroule pendant une journée/soirée. Lady Windermere, jeune aristocrate pure et morale qui vient d’avoir 21 ans, organise une fête. Son mari, Lord Windermere, veut absolument qu’elle invite une certaine Mrs Erlynne, une femme peu recommandable qui veut reprendre du gallon dans la société, mais Lady Windermere, qui a eu vent de rumeurs entre Mrs Erlynne et son mari, ne veut rien entendre et menace de faire un scandale si son mari l’invite. Ce qui doit arriver arrive, et Mrs Erlynne est quand même invitée à la fête. Lady Windermere, bouleversée, se laisse convaincre par Lord Darlington que son mariage n’est que poudre aux yeux et qu’elle devrait tout laisser pour le suivre, lui, car il l’aime vraiment. Lady Windermere écrit donc une lettre à son mari et va rejoindre Darlington chez lui.

Évidemment, comme dans toute bonne pièce avec quiproquo, rien n’est exactement comme il semble : Lord Windermere a une bonne raison pour traiter avec Mrs Erlynne, qui elle n’est pas aussi amorale qu’on peut le penser. À la fin, tous nos préjugés ou nos idées préconçues peuvent aussi bien s’appliquer à l’une ou à l’autre des femmes. Le bien et le mal ne sont pas si bien délimités et, en fait, l’histoire se termine avec le couple qui parle de la même femme, mais de deux façons bien différentes :

Lord Windermere, qui parle à Lord Augustus: Well, you are certainly marrying a very clever woman!

Lady Windermere: Ah, you’re marrying a very good woman!

Comme si l’histoire, le rythme et l’écriture n’étaient pas assez pour me faire baver de plaisir, il y a aussi des personnages secondaires aux répliques tordantes, comme la duchesse Berwick, qui dit blanc une minute et noir l’autre, dont la seule obsession est de marier sa fille Agatha au plus vite à un homme de la société qui vit en Australie et à qui elle dit : « It must be so pretty with all the dear little kangaroos flying about. » Ouaip. les kangourous, ça vole… Il y a aussi les hommes autour de Lord Windermere, tous marrants, comme Cecil Graham qui a toujours la phrase pour faire rire : « Now, Tuppy, you’ve lost your figure and you’ve lost your character. Don’t lose your temper; you have only got one. » Ou encore : « My dear fellow, what on earth should we men do going about with purity and innocence ? A carefully thought-out buttonhole is much more effective. »

Bref, un pur moment de plaisir! Vive Oscar Wilde!

Petit supplément amusant

Saviez-vous qu’il existe un syndrome Lady Windermere ? Cette infection pulmonaire a différents symptômes dont possiblement des crachats sanguins. Alors, quand dans la pièce Lady Windermere dit : « How do you do, Lord Darlington. No, I can’t shake hands with you. My hands are all wet with the roses », c’est qu’elle aurait craché du sang… Mais cette hypothèse aurait été réfutée, et on dit que Lady Windermere aurait littéralement eu les mains dans l’eau de son pot de roses, et non les mains tachées de rose…

C’était un deuxième billet pour le mois irlandais ! Suivez-nous si l’île d’émeraude vous intéresse. Visitez les blogues des participantes pour trouver des idées de lectures et voir si on a tous la même opinion de ces auteurs… Cryssilda nous fait une super récap tous les jours !!

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In Wicklow and West Kerry – J.M. Synge

J.M. Synge (1912)

(traduction française : Dans le Wicklow, l’Ouest du Kerry et le Connemara)

Lu en format électronique, donc aucune idée du nombre de pages, mais la lecture fut assez rapide…

Fichier:John Millington Synge.jpg

Je ne connaissais rien de Synge, si ce n’est son nom et le livre Muse de Joseph O’Connor, vanté par ma copine Maeve, dans lequel on parle de Synge… Donc, pardonnez-moi si je vous colle quelques infos trouvées ici et là sur l’auteur : Synge (1871-1909) est un dramaturge, écrivain et poète (la Sainte Trinité, quoi!) irlandais reconnu et controversé. Il est l’un des fondateurs de l’Abbey Theater à Dublin, et il est mort jeune, à 37 ans, du cancer de Hodgkin. Il venait d’une famille de classe sociale plutôt élevée, mais sans argent (oui, un peu contradictoire). Synge était beaucoup plus intéressé par le « vrai » monde que par les gens de son milieu, d’où l’intérêt des promenades partout dans le pays pour rencontrer les gens et discuter avec eux.

Ce livre, que j’ai choisi au hasard parmi les livres libres de droits d’auteur de Synge, je l’ai beaucoup aimé. Si je connaissais mieux Synge, je pourrais sûrement dire que ce n’est pas son meilleur livre, car il a des défauts certains, mais l’écriture est superbe : pleine de poésie sans être obscure, un tas de détails sans que ce soit surchargé de mots, des personnages qui prennent vie devant nos yeux.

Mon édition de In Wicklow and West Kerry contient 8 textes, des essais qui ont été publiés à l’époque dans divers journaux. Étrangement, il devrait y avoir une troisième partie au livre (Dans le Wicklow, l’Ouest du Kerry et le Connemara), mais elle  été a perdue durant la numérisation, je pense…

La première partie, Dans le Wicklow, contient 7 textes qui racontent les pérégrinations de l’auteur qui se déplace, parfois à pied, parfois en train, et qui nous présente des lieux ou des personnages tous un peu caricaturés. Beaucoup de personnages hauts en couleur, et des vagabonds dans tous les textes! Chemineaux, rétameurs, gens espiègles, poèmes, langue celtique. Synge chante les louanges de son pays, mais n’ose pas à caricaturer certains traits des habitants.

Dans L’Ouest du Kerry, il n’y a qu’un texte, mais cette fois, il est plus long. Dans celui-ci, l’auteur fait un plus long séjour dans le Kerry, avec les pêcheurs du coin. D’un côté, ses descriptions des lieux sont magnifiques, et celle des personnages trop drôles et touchantes, mais à mon avis, ça n’a ni queue ni tête. Mais comme ce n’est pas une nouvelle ni un roman, l’auteur se donne le droit. C’est plutôt un journal de bord avec des impressions et des souvenirs de ce qui l’a marqué, comme la fierté des Irlandais, de leur culture et de leur langue, le whisky qu’on boit le matin dans cette drôle de petite pension où l’auteur partage la même chambre que l’homme de la maison, qui lui doit maintenant partager son lit avec son fils comme l’auteur prend le lit du fils… Ça fait un peu brouillon, mais c’était intéressant.

Enfin, une petite référence aux Français pour faire rire mes copines. J’espère qu’aucune ne vient de Boulogne…

« The Frenchmen from Fecamp, ‘he said,’ are Catholics and decent people; but those who come from Boulogne have no religion, and are little better than a wild beast would lep on you out of a wood. »

Quelques photos du Kerry (certaines aux mêmes endroits que Synge) prises en 2007 lors d’un superbe voyage en Irlande avec GG. On ne pourrait pas inventer plus beaux paysages.

C’était un premier billet pour le mois irlandais ! Suivez-nous si l’île d’émeraude vous intéresse. Visitez les blogues des participantes pour trouver des idées de lectures et voir si on a tous la même opinion de ces auteurs…

  • 1er Juin : John Millington Synge
  • 05 juin : Oscar Wilde
  • 08 juin : Liam O’Flaherty
  • 12 juin : Joseph O’Connor
  • 15 juin : Robert McLiam Wilson
  • 19 juin : Joseph Sheridan Le Fanu
  • 22 juin : Maggie O’Farrell
  • 26 juin : Colm Toibin
  • 29 juin : James Joyce

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Classé dans Synge J.M.

Mois irlandais

Je suis absente de la blogosphère depuis plusieurs semaines. J’ai commencé un stage le 30 avril, et avec l’apprentissage de ce nouveau boulot, les déplacements, et tout le tra la la, je suis plus qu’occupée. Les premières semaines, j’étais vidée et je tombais endormie vers 20 h. Là, ça va mieux, j’ai repris un rythme presque normal, j’ai même rouvert un livre et j’entends bien participer au mois irlandais organisé par ma copine Cryss et cette bande de filles folles de l’Irlande.

Donc, au cours du mois de juin, vous verrez passer sur nos blogues des billets divers sur l’Irlande et, aussi, des billets sur des lectures communes :

  • 1er Juin : John Millington Synge
  • 05 juin : Oscar Wilde
  • 08 juin : Liam O’Flaherty
  • 12 juin : Joseph O’Connor
  • 15 juin : Robert McLiam Wilson
  • 19 juin : Joseph Sheridan Le Fanu
  • 22 juin : Maggie O’Farrell
  • 26 juin : Colm Toibin
  • 29 juin : James Joyce

Comme d’habitude, un groupe Facebook tourne déjà et la plupart de nos billets y seront affichés ! Embarquez avec nous vers l’île d’émeraude…

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Classé dans Divers

Naming the bones – Louise Welsh

Naming the Bones, by Louise Welsh, HarperCollins Canada, 336 pages, $19.99

Louise Welsh (2010)

HarperCollins

389 pages

(Traduction française : De Vieux Os, Métailié, 2011)

Résumé

Le professeur de littérature Murray Watson prend une année sabbatique pour faire des recherches sur Archie Lunan, un poète écossais mort trop jeune dans des circonstances étranges. À la fin de cette année, Murray espère avoir trouvé des textes inédits et avoir publié une biographie du poète. Pour y arriver, il fait un séjour sur l’île de Lismore, là où est mort Lunan et là où vit sa compagne de l’époque, l’auteure Christie Graves, qui a refusé de le rencontrer pour ses recherches et qui a même menacé de le poursuivre s’il décidait de l’embêter.

Mon avis

J’ai beaucoup aimé ce livre. Il était fait pour moi : un mystère entourant un professeur un peu blasé et un poète mort mélangé à quelques histoires d’amour ne menant nulle part, le tout se déroulant en Écosse. Un mélange gagnant. J’ai aussi aimé l’écriture très contemporaine et directe de l’auteure. Pas de flaflas, si ce n’est de quelques expressions écossaises plus dures à comprendre pour moi qui le lisais en version originale. Les descriptions des deux villes et de l’île étaient parfaites. Comme si on y était. J’ai aussi bien aimé ce personnage de Murray Watson, jeune prof plutôt blasé, pas très motivé ni motivant, qui se soûle encore avec ses collègues dans des lieux publics la fin de semaine, là où il rencontre certains de ses étudiants. Dès le début, on sait que son histoire de cul avec Rachel, la femme de Fergus Baine, le directeur du département de littérature et par le fait même, son patron, finira mal.

J’ai aussi aimé le déroulement de l’intrigue. Malgré une histoire très contemporaine, la structure du roman, à mon avis, rappelait les policiers classiques, avec les indices donnés petit à petit : l’archiviste qui laisse aller quelques trucs, les indices trouvés chez Alan Garrett, un prof d’anthropologie décédé qui a déjà rencontré Christie Graves, puis ceux donnés par le propriétaire de l’appartement où est mort Bobby Robb, un ami de Lunan obsédé par la magie noire et, enfin, la conversation ultime avec Mme Dunn sur l’île.

Malgré tout, ce livre n’est pas parfait. Ma copine Choupynette a même abandonné, je pense. Il y a en effet quelques trucs plus achalants, comme des histoires qui ne servent à rien. Par exemple, il est normal d’avoir une petite histoire sans rapport avec l’intrigue entre Murray et son frère, Jack, mais y ajouter l’histoire de Jack et de sa copine ? Aucun rapport. Même chose avec la veuve Garrett. Vraiment ? C’est pratiquement du bourrage de pages. Il y a aussi la fin avec des révélations un peu ésotériques. Je m’en serais passé, mais bon. En grande partie, j’ai passé un bon moment et je relirai certainement cette auteure.

Lisez l’avis de Cryssilda, ici.

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Ceci était ma 2e lecture écossaise pour décerner le prix Kiltissime à un roman écossais! Cryssilda, ma copine folle amoureuse de l’Écosse, nous a mis au défi de lire 6 publications écossaises récentes. Donc, pour décerner le Prix Kiltissime au meilleur livre écossais, nous lirons (pas nécessairement dans l’ordre) :

1) Louise Welsh – Naming the bones (De Vieux Os)

2) Peter May – The Blackhouse (L’Île des chasseurs d’oiseaux) ou The Lewis Man (L’Homme de Lewis)

3) John Burnside – Glister (Scintillation)

4) Ian Rankin – Doors Open (Portes ouvertes)

5) Philip Kerr – If The Dead Rise Not (Hôtel Adlon)

6) Dominic Cooper – Men at Axlir (Nuage de cendre)

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Classé dans Welsh Louise

Doors Open – Ian Rankin

Doors Open

Ian Rankin (2008)

Orion

260 pages

(Traduction: Portes ouvertes, Le Masque, 2011)

**Attention, possibles révélations pour ceux et celles qui n’auraient pas lu le livre. Je ne dévoile pas la fin, mais bon. J’aime mieux vous avertir***

Résumé

Mike Mackenzie, riche entrepreneur en informatique, Allan Cruikshank, conseiller financier, et Robert Gissing, professeur d’art près de la retraite, forment un drôle de trio. Ils ont très peu en commun si ce n’est leur amour réel pour l’art. Quand je parle d’amour réel, je parle d’amour des oeuvres, des artistes, de l’Art avec un grand A. Ces types méprisent les gens ou les organismes qui achètent des oeuvres pour les cacher ou les revendre au gros prix plus tard. Ils voudraient plutôt que l’art soit accessible, que le public puisse en profiter partout et n’importe quand, et ils détestent les  entrepôts où se cachent des oeuvres qui devraient être vues et admirées. C’est un peu pour ça que ces voleurs amateurs vont décider de tenter un vol d’oeuvres d’art de l’entrepôt de la National Gallery of Scotland qui ouvrira ses portes, pour un jour seulement, lors de la journée Portes ouvertes. Tout semble rouler pour nos amis : le professeur Gissing a trouvé un contrefacteur, Mike a su rallier quelques contacts parmi le monde du crime organisé et Allan revoit les derniers détails. Évidemment, comme dans tout bon livre ou film de vol, rien n’ira comme sur des roulettes…

Mon avis

Avant même de lire ce livre, je savais qu’il me donnerait du fil à retordre. C’est que les Rebus de Rankin, j’adore. Alors,  l’auteur saurait-il me séduire avec un roman hors-Rebus ? Les premières pages m’ont rassurée. L’écriture était la même, soit directe et drôle. Puis, quand est venue la trame principale, l’organisation du vol, j’ai décroché ben raide, comme on dit ici. Pour moi, c’était tellement irréaliste. Oui, on peut bien s’imaginer ces trois gars parler d’art de cette façon, même rêver de commettre ce vol, mais dans les faits, je n’y ai pas cru une seule minute. Pour moi, c’était tout à fait impossible qu’ils aillent de l’avant. J’ai toutefois continué ma lecture, pas très impressionnée, mais l’arrivée du crime organisé et des péripéties m’ont un peu eue à l’usure. Je trouvais encore l’histoire tirée par les cheveux, mais au moins, le rythme était réellement haletant. À quelques reprises, lors du vol ou des agressions, je retenais réellement mon souffle. Ça faisait longtemps que ça m’était arrivé.

Au final, malgré le rythme et l’écriture, l’histoire m’a peu accrochée. Cela dit, je mets la barre haute, car j’adore Rankin, mais ce petit polar n’est pas mauvais du tout si on s’abandonne à l’idée que ce vol pourrait être plausible.

Voir l’avis de Cryssilda, ici.

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Parlant de Cryssilda, ma copine folle amoureuse de l’Écosse nous a mis au défi de lire 6 publications écossaises récentes. Il n’en fallait pas plus pour m’intéresser. Donc, pour attribuer le Prix Kiltissime au meilleur livre écossais, nous lirons (pas nécessairement dans l’ordre) :

1) Louise Welsh – Naming the bones (De Vieux Os)

2) Peter May – The Blackhouse (L’Île des chasseurs d’oiseaux) ou The Lewis Man (L’Homme de Lewis)

3) John Burnside – Glister (Scintillation)

4) Ian Rankin – Doors Open (Portes ouvertes)

5) Philip Kerr – If The Dead Rise Not (Hôtel Adlon)

6) Dominic Cooper – Men at Axlir (Nuage de cendre)

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La voix – Arnaldur Indridason

Arnaldur Indridason - La Voix.

Arnaldur Indridason (2007 – version originale en 2002)

Métailié

330 pages

Depuis quelques mois déjà, j’enchaîne les Rebus de Ian Rankin. Je ne m’en lasse pas. Mais je me rends aussi compte que j’aurai bientôt fini la série et du coup, ça m’angoisse un peu, alors j’ai décidé de tromper Rankin avec un autre auteur de polars que j’aime bien, Indridason, que j’avais un peu oublié mais que Maeve et Keisha m’ont redonné envie de lire dernièrement.

L’intrigue

Reykjavik, Islande. C’est le temps des fêtes et un hôtel chic bondé est le théâtre d’un meurtre lugubre. Le portier, qui fait aussi office de père Noël, est retrouvé mort, les culottes baissées (littéralement) dans son petit cagibi du sous-sol qui lui tient liu d’appartement. Erlendur, ainsi que ses collègues Elinborg et Sigurdur Oli, mènent l’enquête, mais personne ne les aide, ni les employés de l’hôtel, qui semblent être quelques-uns à avoir quelque chose à cacher, ni la soeur et le père du défunt, qui ne semblent pas très près du portier assassiné. Erlendur, qui déteste les réjouissances qu’il aurait de toute façon passées seul, s’installe donc à l’hôtel, au plus grand dam du directeur de l’établissement et de sa fille, Eva.

Mon avis

Un autre excellent bouquin d’Arnaldur Indridason. C’est noir et déprimant et l’auteur ne fait pas de cadeaux à sa ville ni à son pays. Alors que certains autres auteurs nordiques, tout aussi noirs, misent quand même sur la beauté des paysages, ici, rien à vendre. C’est froid et pluvieux, il y a de la drogue et de la misère et, bien sûr, un enquêteur déprimé et déprimant. Tout de même, on ne peut pas s’empêcher de l’aimer et d’embarquer dans ses histoires et dans le train-train quotidien de Reykjavik et de l’Islande. Faut dire qu’un enquêteur qui corrige la grammaire de ses suspects ou de ses témoins importants, c’est chou :

– Je ne sais rien de cet homme et j’en ai vu plus de lui que ce que j’ai envie.

– Que ce dont j’ai envie, corrigea Erlendur.

– Hein ?

– Il faut dire : ce dont j’ai envie et pas ce que j’ai envie.

Elle le regarda comme s’il était malade.

C’est le troisième livre mettant en vedette Erlendur que je lis et je les apprécie de plus en plus. Oui, c’est un autre enquêteur sur la déprime, mais il ne fait pas que boire : sa vie personnelle est tout aussi mystérieuse que les enquêtes qu’il mène et elle a une place plutôt importante dans les livres. Cette fois-ci, on revoit Eva, sa fille aux prises avec un problème de drogue, et on en apprend plus sur ce jour maudit, alors qu’il était tout petit, où il est resté pris dans une tempête avec son jeune frère. En gros, c’est des enquêtes intéressantes agrémentées de personnages principaux tout aussi intéressants.

[Photo prise par moi à Reykjavik mettant en scène le même paysage que sur le couverture du livre 🙂 ]

Romans mettant en vedette le commissaire Erlendur Sveinsson

01- Synir duftsins (1997) – Inédit en français.

02- Dauðarósir (1998) – Inédit en français.

03- Mýrin (2000) – La Cité des jarres

04- Grafarþögn (2001) – La Femme en vert

05- Röddin (2002) – La Voix 

06- Kleifarvatn (2004) – L’Homme du lac

07- Vetrarborgin (2005) – Hiver arctique

08- Harðskafi (2007) – Hypothermie

09- Myrká (2008) – La Rivière noire

10- Svörtuloft (2009) – La Muraille de lave

11- Furðustrandir (2010) – Inédit en français.

12- Einvígið (2011) – Inédit en français.

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