Strip Jack – Ian Rankin

Ian RANKIN (1993)

Orion

279 pages

(version traduite: Piège pour un élu)

Gregor Jack, un député écossais, est arrêté lors d’une descente dans un bordel d’Édimbourg. Les médias, alertés au préalable par on ne sait qui, sont déjà là et sont trop heureux de prendre sa photo et de la diffuser dans les journaux. Parallèlement, Rebus enquête sur une histoire de livres rares volés et un peu par hasard, il décide d’arrêter chez Jack pour prendre de ses nouvelles. Là-bas, notre futé Rebus flaire un mystère: la femme de Gregor Jack n’a pas donné signe de vie depuis des jours, ce qui semble étrange à Rebus compte tenu de la situation de son mari, mais qui semble tout à fait normal à Jack, car sa femme vit ce qu’on pourrait appeler une double vie dans laquelle les fêtes orgiaques avec ses amis d’enfance, aucun d’entre eux blanc comme neige, font légion dans la région.

Voici la quatrième enquête de l’inspecteur Rebus et mon plaisir est toujours le même. Je pense que je l’aime d’amour… Je l’aime parce qu’il a un sens de l’humour noir et malsain, je l’aime parce qu’il est terrible et imparfait et je l’aime parce qu’il est futé et qu’il fait rarement des compromis.

De tous les Rebus que j’ai lus jusqu’à maintenant, je pense que celui-ci est le plus drôle. Notre Rebus, fidèle à lui-même, est toujours un peu bêta et jamais très orthodoxe: il s’essuie les mains sur un tapis de bain et non sur une serviette; il se sert du whisky dans la maison d’une victime; il pense empocher l’argent que son employeur lui donne pour payer son B&B et dormir dans sa voiture, etc. Il y a aussi énormément de jeux de mots assez comiques et, par curiosité, j’aimerais bien savoir comment ça a été traduit (note à ceux qui le liront en français): male member pour décrire un membre mâle du Parlement et le membre masculin; brothel creepers pour décrire un type de chaussures et les clients du bordel; Strip Jack, le titre, qui fait référence à un jeu de cartes et en même temps, à quelqu’un qui voudrait mettre Gregor Jack à nu.

Évidemment, comme dans les autres livres, il y a des éléments récurrents, comme une autre femme, la Dre Patience Aitken (plutôt barbante), des références aux dents gâtées de Rebus, des références à Muriel Spark et à George Orwell, etc. Certains diront que c’est facile pour un auteur de reprendre des éléments antérieurs, mais je trouve que c’est réconfortant et amusant, si on aime le personnage et si c’est bien fait.

Dans ce tome, une partie de l’intrigue se déroule en dehors d’Édimbourg mais, bien sûr, la capitale est toujours aussi bien décrite:

« Springtime in Edinburgh. A freezing wind, and near-horizontal rain. Ah, the Edinburgh wind, that joke of a wind, that black farce of a wind. Making everyone walk like mime artists, making eyes water and then drying the tears to a crust on red-nipped cheeks. And throughout it all, that slightly sour yeasty smell in the air, the smell of not-so-distant breweries. » (p.50)

Et les clins d’oeil écossais sont très présents:

« He looked at the list of delights printed above the counter. Red, white and black puddings, haggis, smoked sausage, sausage in batter, steak pie, mince pie, chicken… with pickled onions or pickled eggs on the side. » (p.114)

Encore une fois, j’avais la superbe réédition d’Orion dans laquelle l’introduction écrite par Rankin m’a appris un tas de faits intéressants. En voici quelques-uns:

  • Ce livre a été écrit pendant que l’auteur vivait en France, et c’est à ce moment qu’il a ressenti un besoin de retourner à ses racines écossaises. Les références sont nombreuses, le vocabulaire est écossais, les lieux aussi:  « Curiously, it was only in leaving Scotland that I began really to become interested in my native country’s history and politics. I started to devour books on these subjects, and would return to Edinburgh three or four times a year… » (p. xii)
  • Les amis un peu déjantés de Gregor Jack et de sa femme sont inspirés de ses amis. C’en dit assez sur Rankin…
  • Pour la première fois, Rankin se met vraiment dans la peau de Rebus et lui donne certaines de ses caractéristiques physiques et psychologiques et certains de ses souvenirs, comme les pique-niques et les voyages en famille.
  • La fin de ce livre annonce le début du « vrai » Édimbourg pour Rankin. Alors que dans les quatre premiers livres certains lieux étaient inventés (le poste de police, par exemple), à partir du prochain, ce sera beaucoup plus réaliste: « I would take Rebus out of my made-up Edinburgh and into the real one: he would work in a real cop-shop and drink in real bars. » (p.xiv)
C’est toujours un bonheur presque sans faille de lire une enquête de l’inspecteur Rebus. Je me dis qu’à un moment donné, je ne pourrai qu’être déçue, mais pour l’instant, je jubile encore.
Ce livre a été lu en lecture commune avec Cryss. Dans quelques jours, Maeve nous rejoindra.

Les enquêtes de l’inspecteur John Rebus

  1. Knots and Crosses (L’étrangleur d’Édimbourg)
  2. Hide and Seek (Le Fond de l’enfer)
  3. Tooth and Nail (ou Wolfman) (Rebus et le loup-garou de Londres)
  4. Strip Jack (Piège pour un élu)
  5. The Black Book (Le Carnet noir)
  6. Mortal Causes (Causes mortelles)
  7. Let it Bleed (Ainsi saigne-t-il)
  8. Black and Blue (L’Ombre du tueur)
  9. The Hanging Garden (Le Jardin des pendus)
  10. Dead Souls (La Mort dans l’âme)
  11. Set in Darkness (Du fond des ténèbres)
  12. The Falls (La Colline des chagrins)
  13. Resurrection Men (Une dernière chance pour Rebus)
  14. A Question of Blood (Cicatrices)
  15. Fleshmarket Close (Fleshmarket Close)
  16. The Naming of the Dead (L’appel des morts)
  17. Exit Music (Exit Music)
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18 Commentaires

Classé dans Rankin Ian

18 réponses à “Strip Jack – Ian Rankin

  1. j’arrive de chez Cryssilda, c’est bien de lire dans l’ordre les séries, moi aussi j’essaye de le faire, pour Rebus, je n’en suis qu’au numéro 1, j’ai de la marge ! est-ce que votre logo « lire rebus jusqu’à plus soif on peut l’utiliser sur nos blogs ?merci, à bientôt !

  2. Bonjour wictoria ! Merci d’avoir laissé un message. Ainsi, j’ai l’adresse de tes blogues, que j’ajoute à mon RSS tout de suite.

    C’est super si on a une nouvelle adepte de Rebus avec nous. Pas grave si tu es en retard. Et pour le logo, c’est Cryss qui l’a fait, et je suis sûre qu’elle accepte que tu le prennes. Il est vraiment bien. Sur son site, il y en a deux versions. Une avec le FYTP et une sans. (FYTP est une expression que Rebus se dit dans le 3e, je crois).

    • hé hé merci Mélodie, je me demandais justement ce que veut dire FYTP 🙂 je te remercie aussi pour l’invitation à vous rejoindre dans votre communauté « Rankin », je ne fais plus de challenge ou de défi par contre (plus le temps) mais je ne manquerai pas de rajouter le logo « ad hoc » à ma prochaine lecture de Rebus !

  3. Ce « challenge » est très informel. En fait, ton utilisation de « communauté » est bien meilleure, je crois. On a juste décidé de lire les Rebus et de se faire un logo d’admiratrices finies 🙂 Moi, je les lis en ordre, car je suis un peu obsessive -compulsive 😉 J’ai aussi donné un grand coup de lecture, car j’avais du temps, mais avec l’automne ça risque de changer. Donc, pas de crainte. Tu lis quand tu veux et comme tu veux. On est bien heureuse d’avoir une autre maniaque de Rebus avec nous 🙂

    • d’accord 🙂 je suis comme toi, j’aime bien lire dans l’ordre, quand je peux. Par exemple en ce moment j’achève « La pluie de néon » de James Lee Burke, la première enquête de Dave Robichaux, un flic de Louisiane. C’est particulier, très sombre mais avec de l’humour, et des expressions cajuns, un film a été tiré d’une de ses aventures « dans la puie électrique » avec un de mes acteurs préférés : Tommy Lee Jones. Mais je ne compte pas lire un autre roman du même auteur tout de suite, j’aime bien changer aussi, je vais donc me ravitailler avec « Hide and Sick » (je vais tester la lecture en VO car pour tout te dire, je suis en plein défi avec moi-même : améliorer mon anglais lu, entendu et parlé). Au plaisir !

  4. J’aime beaucoup les romans policiers noirs. Je vais voir si je peux trouver un livre de Robichaux.

    Je trouve que les Rebus se lisent bien en VO. Je pensais que c’était bien compliqué, car il me semblait avoir essayé il y a quelques années, mais je pense que je faisais erreur. Je crois que c’était un autre auteur écossais de polars que j’avais lu en VO (Paterson ? Peterson ?) et j’avais eu beaucoup de difficulté. Mais cette fois, ça va.

  5. Il va vraiment falloir que j’essaie cet auteur, avec cette vague déferlante bloguesque 😉

  6. Allez Perrine ! on lit cet auteur en VO d’acc ?

  7. Rankin devrait nous payer pour toute la bonne pub qu’on lui fait!

    • a yé : je viens de rajouter le 2ème roman dans ma liste des envies amazon (la commande se fera avant le fin de l’année), en vo hein parce que tu as dit que c’était faisable 🙂
      c’est vrai Rankin devrait nous dire merci !

      • ou bien « thanks girls », s’il préfère

      • Super! Mais tu sais, pour être franche, et les autres fans de Rebus sont d’accord, le 2e n’est pas génial. On lui pardonne, car il commençait et tout, mais si tu peux le trouver en biblio au lieu de l’acheter, tu t’en sentirais mieux 🙂 Par la suite, par contre, ça devient excellent! Faut juste pas rester collée au 2e sinon on ne découvre pas son merveilleux monde!

  8. J’ai failli mettre la même citation sur le temps dans mon billet, mais vu que j’en avais déjà mis plusieurs, j’ai passé là-dessus 🙂
    Pour avoir lu le 14ème (je crois), j’ai bon espoir pour que notre enthousiasme ne s’essouffle pas ! Il était excellent !

    Sinon, Wictoria, bien sûr que tu peux utiliser le logo 🙂 et bienvenue dans l’aventure Rebus !!
    (Perrine aussi, allleeeeez! :D)

  9. ok, je passe direct au 3ème alors pour le moment 🙂

  10. Pingback: Livres lus en 2011 | les livres de Mélodie

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