Les Maîtres de Glenmarkie – Jean-Pierre Ohl

Jean-Pierre OHL (2008)

Gallimard

361 pages

Voici une phrase du livre qui résume bien l’oeuvre: Un livre + un livre + un livre + un livre + un livre = un homme. 

L’histoire, racontée à deux voix (celle de Mary et celle de Krook), commence sur l’île d’Islay, en Écosse, à la fin des années 40. Mary Guthrie, la fille du bedeau, entretient une drôle de relation avec Ebenezer Krook, le prêtre de la paroisse. Une relation qui influencera le parcours universitaire de Mary à Édimbourg et qui poussera Krook à défroquer. Vous pensez que je parle d’une simple partie de jambes en l’air? Pas du tout.

Krook vit sous un nuage noir depuis son enfance: son père, parti à la guerre alors que Krook n’était qu’enfant, est mort en laissant à son fils un livre (Martin Eden de Jack London) et une bague. Sa mère, professeure de littérature et spécialiste de sir Thomas de Glenmarkie (un homme de lettres mineur mort de rire), en avait plus pour ses livres que pour son fils. Les années passent, et Krook devient prêtre (sans grande conviction). Un jour, après avoir frappé son supérieur, Krook, un ivrogne, s’en va à Édimbourg où il deviendra commis dans une librairie, milieu qu’il abhorre à cause de sa mère. Mais cette librairie est « spéciale », car on n’y vend que des livres parus depuis plus de 50 ans, donc pas de James Joyce et Virginia Woolf, car cette date est « La digue qui nous préserve du flot malsain des livres de circonstances. Des livres superflus, vite écrits, vite vendus, vite oubliés. » (p. 101)

Quant à Mary, qui a trouvé refuge dans la littérature après la mort de sa mère, elle s’accroche à Glenmarkie et désire en faire sa thèse à l’université. Ce désir la mènera au manoir délabré de la famille Glenmarkie où elle rencontra des êtres étranges, où elle tentera de résoudre le mystère du secrétaire aux 32 tiroirs et où la ligne entre la folie et la raison est mince.

Mon résumé me semble bien pauvre comparé à tout ce qui se trouve dans ce livre: relations maudites, problèmes de boisson, vieux livres, famille étrange, énigmes à résoudre, etc. Mais ce que je peux en dire avec certitude, c’est que ce livre plaira aux lecteurs, ceux qui aiment les vieux livres, les auteurs classiques, ceux qui rêvent d’avoir une bouquinerie mal organisée à côté de chez eux.

Ce livre est une porte d’entrée vers d’autres livres. C’est un livre « en toile d’araignée » où l’auteur nous parle de Jack London, de Dickens, de Dostoïevski, de Henry James, du Maître de Ballantrae de Stevenson, etc. C’est un livre dans lequel George Orwell a un grand rôle et dans lequel le livre de Jack London, Martin Eden, est presque un personnage. Ce livre est pour ceux que les livres font rêver, pour ceux qui donnent un caractère romantique à la littérature:

« La pile de livres sur la table de nuit de Walpole me rappela son dernier passage à la boutique, le lundi après le match. Robin, Lewis étaient là. ‘Je suis venu les caresser.’ Et il l’avait fait. Il avait caressé les livres. ‘Pas le temps. Pas le temps de vous lire tous… On a, quoi, cinquante, soixante ans devant nous ? Presque rien. Tous ces livres qu’on n’a pas lus… ces mariages manqués… car ce sont des mariages! Les livres et les lecteurs se marient, ils font même des enfants! Des petits homoncules qui ne quittent jamais notre cerveau, mais qui vivent à leur façon, qui grandissent et meurent avec nous… Ils ont même des noms en italiques: Humphry Clinker, Moby Dick…' » (p. 345)

Mais attention. Ce livre n’est pas pour plaire à tous. Il est très absurde par moment, donc pour ceux qui préfèrent quelque chose de plus traditionnel, ça peut déranger. Et garde aux lecteurs qui n’aiment pas consulter un dictionnaire. Peut-être est-ce un signe de mon manque de vocabulaire, mais à plusieurs reprises, j’ai dû sortir Petit Bob pour qu’il m’indique ce que voulaient dire atermoiement, loupiote, manducation, etc.

Enfin, pour terminer sur une note amusante, je veux vous dire que par le plus grand des hasards, j’ai goûté en fin de semaine, chez des amis, au whisky Caol Ila, le whisky dont on fait mention dans le livre. Et eurêka! Après maintes dégustations de liquide ambré, j’ai enfin trouvé whisky à mon pied. Il est excellent. Rien à voir avec ceux que j’avais goûtés auparavant. Les « experts » au tour de la table m’ont dit que contrairement à la plupart des whiskys, celui-ci n’était pas fumé. Ce qui fait sa différence. Donc, il paraîtrait que j’aime bien le whisky non fumé. Et le whisky cher, car il se vend à peu près 135$…

Pour moi, ce livre fut une découverte. Je l’ai emprunté à la biblio, mais j’irai me le procurer à la librairie pour le relire. Je n’en avais jamais entendu parler avant, mais c’est bien moi. Toujours en retard. Apparemment que dans le milieu des blogues littéraires, ce livre avait la cote depuis un bout! Si vous voulez lire d’autres critiques, en voici quelques-unes pigées au hasard. Certaines sont bonnes, d’autres plus mitigées ou encore, dithyrambiques:

Cryss

Lou

Yspaddaden

Le hérisson lecteur

Karine

Yueyin 

Ce livre fait partie de notre défi Kiltissime, qui tire à sa fin. Si vous voulez voir ce que les participants ont lu jusqu’à présent, cliquez sur la photo

18 Commentaires

Classé dans Ohl Jean-Pierre

18 réponses à “Les Maîtres de Glenmarkie – Jean-Pierre Ohl

  1. Yspaddaden

    Quel plaisir que ce livre, j’ai beaucoup aimé !

  2. Toute une découverte pour moi. J’ai hâte de lire son autre livre.

  3. Moi aussi j’en ai entendu parler partout et du négatif comme du positif. Mais je me fie à ton avis, je crois que je vais VRAIMENT aimer! Je surligne!

  4. Flo

    Je suis ravie qu’il t’ait plu ! J’attendais ton avis avec impatience.

    @Allie : je serais étonnée que tu n’aime pas 😉

  5. Même si je l’ai terminé depuis une dizaine de jours, il me hante encore. Je l’ai lu assez vite, alors je sais que je n’ai pas tout assimilé. Je veux le relire. Je veux le relire en prenant notes des oeuvres dont il fait mention et puis je veux lire ces oeuvres. Une superbe découverte.

    Flo, as-tu lu son premier livre, « Monsieur Dick » ? Ça me semble être un autre hommage à la littérature.

    • Flo

      J’ai lu toutes les oeuvres qu’il mentionne l’année suivant ma lecture donc je te comprends !

      Oui, j’ai lu son premier roman mais je n’avais pas été tout à fait emballée . Enfin, dans mon souvenir, il était bien mais sans plus. C’est pour cela que je ne t’en aie pas parlé. Sache également, qu’il publie en octobre une bio de Dickens (l’année 2012 sera celle du bicentenaire de la naissance de l’auteur).

      • Merci pour l’information! Je cherchais justement une bio de Dickens.

        J’ai justement vu sur ton site il y a quelques jours le lien qui menait vers la page du bicentenaire de l’auteur. Il y aura un tas d’activités un peu partout, surtout en Europe. C’est super. Ce sera l’année parfaite pour lire un ou des livres. Je connais un tas de choses sur lui, sur son oeuvre. J’ai visité sa maison natale à Portsmouth quand j’habitais là-bas, j’ai vu des films adaptés de ses livres MAIS, honte à moi, je n’ai encore rien lu. Je vais remédier à ça très bientôt 🙂

  6. J’ai bien hâte d’y «plonger» à mon tour.

  7. Je ne connaissais pas. Je note, ça a l’air sympa !
    NB : eh, on a encore 15j pour l’été kiltissime ! 😉

  8. Suzanne, « plonger » est le choix de mot parfait. On ne s’en sort pas indemne.

    Maeve, eh bien, je n’étais pas seule à ne pas en avoir entendu parler, alors 😉 Pour ce qui est de l’été Kiltissime, il me reste un John-Erich Nielsen et des… Rebus 😉

  9. Je le note ! Je pense le demander pour mon anniversaire !!!
    Mélodie, le mois kiltissime ne devait pas se terminer le 15 juillet ??? J’ai cliqué sur ta photo et j’ai vu que cela continuait ! Je ne savais pas ! Ca se termine quand alors ?

  10. Ça se termine jamais !!! 😉 Syl, tu as raison. Ça devait se terminer le 15 juillet, mais je crois qu’on était tous trop emballés par nos découvertes et nos LAL étaient trop longues. On a donc décidé d’en faire un été Kiltissime et ça se termine officiellement à la fin août. Officieusement, moi, je vais continuer à lire Ian Rankin 🙂

  11. Merci ! Je vais continuer aussi alors ! et Rankin est dans mes prévisions ! J

  12. Malheureusement, ce livre ne m’a inspiré autant qu’à toi… rencontre ratée donc, mais j’ai d’autres coups de coeur, heureusement !

  13. C’est quand même bien qu’il y ait différents avis. Ce serait presque douteux si ce n’était pas le cas 🙂 Merci d’avoir laissé un mot, car je me suis rendue compte que je ne t’avait pas mise dans mon fil RSS! Honte à moi. J’y remédie tout de suite 🙂

  14. *pour le coup je sèche sur le terme « manducation » moi aussi 🙂
    *dis-donc, un roman avec des « problèmes de boisson » et tu fonces sur le whisky ? tut tut tut, alors si tu lis un roman d’amour un beau prince (écossais) va frapper à ta porte peut-être ?
    (je n’aime pas le whisky moi non plus je devrai tester le non fumé alors ?
    *sinon, j’ai lu en son temps « monsieur Dick », une lecture assez prenante
    (http://monbiblioblog.blogspot.com/2009/02/monsieur-dick-ou-le-dixieme-livre.html) mais toujours pas celui-ci malgré les encouragements des unes et des autres (ce livre est aussi dans ma liste des envies, mais je n’achète qu’au compte gouttes)

    • Manducation: acte de manger. Je ne l’oublierai plus jamais, maintenant. J’espère le retrouver dans un autre livre à un moment donné 🙂

      C’est fou, je pense que dans tous les livres Kiltissime que j’ai lus cet été, un personnage buvait. Ça donne envie, après quelques mois… Blague à part, je déteste le whisky et celui-ci était très bon. C’est tout dire. Pas donné, par contre!

      Je veux lire l’autre livre de son auteur. Je suis allée voir ta chronique, et ça semble très intéressant. Ah, tant de livres, si peu de temps…

  15. Pingback: Livres lus en 2011 | les livres de Mélodie

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